Jetons de l'Ancien Régime

Jetons de l'Ancien Régime

Petit lexique à l'usage du jetonophile



armes (ou armoiries) :
les armes ou armoiries sont constituées de l'écu et des différents éléments qui l'entourent tels que couronne, lambrequins, supports, tenants, devise, etc...

avers (noté a/) : côté du jeton portant par ordre décroissant de prédominance, le portrait, les armoiries ou la titulature de l'autorité émettrice.

banalisé (jeton ou type -) : un jeton est dit banalisé s'il a été fabriqué à l'initiative directe d'un atelier ou d'un artisan (ou groupe d'artisans) en prenant pour modèle un jeton officiel préexistant. Ces jetons banalisés sont souvent inspirés ou carrément copiés de ceux des administrations royales. Les plus connus et répandus sont ceux produits par les ateliers de Nuremberg.

Bâtiments du roi :
cette administration créée par Henri IV avait pour prérogative la gestion et le financement de tous travaux de construction, d'entretien et d'embellissement touchant les domaines royaux. Les attributions des Bâtiments du Roi comprennent la construction et l'entretien des résidences royales sur tout le territoire ainsi que les parcs et jardins ; la réalisation et l'entretien d'ouvrages d'intérêt général tels que la place Louis-le-Grand ou l'hôtel des invalides ; la gestion du mécénat royal, à travers la tutelle de plusieurs académies ; les logements des artistes (en particulier ceux du Louvre) ainsi que le fonctionnement des manufactures des Gobelins, de la Savonnerie et de Sèvres.

Chancellerie : sous l'Ancien Régime, la Chancellerie était l'administration responsable de la garde des sceaux royaux. Au moins l'un de ses officiers accompagnait toujours le roi  afin d'apposer le sceau royal sur tout document, officiel ou non, que ce dernier avait à envoyer où que ce soit dans le royaume ou en dehors.

coin : le coin est l'outil à partir duquel est frappé le jeton. Le motif y est en creux et il faut bien sûr deux coins pour frapper un jeton, le coin dormant (qui est fixe) et un coin mobile. Le flan est posé sur le coin dormant et frappé par le coin mobile soit manuellement (frappe " au marteau ") soit mécaniquement (frappe " au balancier"). Les coins sont eux-mêmes produits en plusieurs exemplaires à partir d'un ou plusieurs poinçon(s)  en positif directement fabriqué(s) par le graveur.

colliers des Ordres du roi : couramment représentés autour des écus accolés ou de l'écu de France seul, les deux colliers sont ceux de l'Ordre de Saint Michel et celui de l'Ordre du Saint-Esprit.

L'Ordre de Saint Michel fut fondé en 1469 par  louis XI. Son siège était établi à l'abbaye du Mont-saint-Michel ; le roi de France le dirigeait et les chevaliers, au nombre de trente-six, devaient lui prêter serment. Louis XIV transféra le siège à Paris en 1661. Les chevaliers devaient, en toute occasion, porter un collier d'or fait de  huit coquilles lassées l'une à l'autre par un double las auquel était suspendu un médaillon représentant l'archange terrassant le démon. L'Ordre fut supprimé en 1830.

L'Ordre du saint-Esprit quant à lui fut fondé en 1578 par Henri III. Ses membres devaient être catholiques, d'une noblesse héréditaire remontant au moins à trois générations et avoir trente-cinq ans. Les princes du sang y étaient reçus à 15 ans et les fils de France y accédaient à leur baptême. Tous les chevaliers du saint-Esprit étaient faits chevaliers de l'Ordre de saint-Michel avant leur réception et portaient de ce fait le titre de chevaliers des Ordres du roi.Sa devise était « Duce et Auspice » et son collier était fait de plaquettes ornées en alternance d'une fleur de lys et de l'initiale du roi auquel était suspendu une croix de Malte décorée d'une colombe. Supprimé en 1791, l’Ordre fut rétabli en 1814 pour être finalement définitivement aboli en 1830.

Conseil du roi : officiellement créé par une ordonnance de Charles VIII en 1497 confirmée par Louis XII en 1498, le Conseil du roi est une assemblée consultative composée d'un ensemble de collèges ayant chacun un champ d'application précis. Le Conseil du roi n'a pas de pouvoir décisionnel, celui-ci demeurant en dernier ressort entre les mains du souverain. Cependant, l'influence du Conseil était prépondérante sur les prises de décisions. La composition de ce conseil a beaucoup varié selon les époques mais ses membres principaux étaient le dauphin (à l'exception des autres princes de sang), des grands du royaumes (laïcs et ecclésiastiques) et des juristes.

écu : l'écu était au temps de la chevalerie un bouclier triangulaire au bord supérieur concave et aux deux autres côtés convexes, revêtu des armoiries de son propriétaire. En héraldique il est devenu la pièce centrale des armoiries. Sa forme peut varier et outre l'écu scutiforme (en forme de bouclier), on rencontre des écus ronds ou ovales, losangiques, carrés, en targe, en cartouche, à base en accolade, etc... L'écu accompagné des ornements qui l'entourent forme les armoiries.

écu de France : L'écu de France a connu plusieurs modifications au cours du temps. L'origine et la date d'apparition des armes de France restent mystérieuses et, bien que la légende attribue leur création à Clovis, rien ne permet d'en apporter une quelconque preuve puisque la première attestation avérée de leur existence remonte au début du XIIIe siècle vers 1211. Elles sont alors d'azur semé de fleurs de lys d'or et sont généralement timbrées d'une couronne fleurdelisée ouverte ; puis, à partir de 1515, d'une couronne fermée. L'écu aux trois lys dont le blasonnement se lit d'azur à trois fleurs de lys d'or fut quant à lui instauré par Charles V en 1376 qui voulut par cette décision offrir à la France la double protection de la Vierge (dont le lys est le symbole) et de la sainte Trinité (représentée par les trois lys). Sur les jetons royaux l'écu de France est presque toujours couronné. A partir de l'accession au trône de Henri IV, l'écu de France est souvent associé à celui de la Navarre.

écu de Navarre : l'écu de Navarre se blasonne de gueules aux chaînes d'or posées en orle reliées en croix et en sautoir, une émeraude au naturel en coeur. Les chaînes rappellent la victoire de Las Navas-de-Tolosa, remportée en 1212 sur les Maures par Sanche-le-Fort, roi de Navarre. Sur le champ de gueules qui indique la défaite sanglante des Maures sont disposées les chaînes d'or qui fermaient la tente du sultan Miramamolin, chef des armées musulmanes. Au centre des chaînes est placée l'émeraude prise au chef maure Mohammed El Hacer. Sur les jetons royaux français, l'écu de Navarre est couramment accolé à celui de France sous une couronne et ce à partir du rattachement à la France suite au mariage d'Henri IV & Marguerite de Valois. Il existe cependant quelques rares jetons émis aux armes de Navarre seules sous le règne d'Henri IV ou des Albret.

exergue : l'exergue est un espace réservé sous la scène représentée sur le jeton. Elle coupe presque toujours la légende et la séparation est en général matérialisée par un trait horizontal pouvant en même temps faire office de ligne de sol pour la scène en question. Le texte ou les motifs mis en exergue sont toujours tête-bêche par rapport à la légende circulaire. Un texte ou un motif décoratif est " à l'exergue " lorsqu'il se situe sous le motif principal du jeton et que la séparation est marquée par un trait ; il est " en exergue " lorsqu' aucun trait ne le sépare de la scène principale.

Extraordinaire des guerres : On appelle Extraordinaire des guerres les sommes qui ne sont pas prévues au budget de la guerre et par extension, l'administration chargée de les collecter et de les redistribuer (pour financer la guerre et aussi pour payer les troupes). Ces sommes du temps de Louis XIV par exemple, dépassent souvent le budget initial et sont considérables. A la tête de cette administration se trouve le trésorier général.

graveur : Lorsque l'on parle du graveur d'un jeton, il va de soi qu'il ne s'agit pas de l'ouvrier qui a frappé le jeton mais bien de l'artisan hautement qualifié, pour ne pas dire l'artiste, qui a gravé le ou les poinçon(s) utilisé(s) pour fabriquer les coins. Les graveurs officiels étaient en général choisis par le roi lui-même pour représenter son portrait et la plupart de ces graveurs français sont bien connus. Ces graveurs officiels étaient rattachés à la monnaie du Louvre et une fois les coins fabriqués, ceux-ci étaient distribués aux directeurs des ateliers qui en contrôlaient l'usage. On possède bien moins de renseignements concernant les graveurs des ateliers non-officiels qui fabriquaient des copies ou des séries banalisées et dont on ne connaît souvent que le nom ou les initiales. Il existe cependant une exception notable pour les graveurs des ateliers de Nuremberg et de Furth dont il existe des listes relativement complètes et détaillées qui couvrent une période allant du milieu du XVème siècle au début du XIXème.

lacs d'amour : le lacs d'amour est un type de noeud particulier courant dans l'art de l'héraldique. Ce noeud symbolise l'amour, la foi ou l'amitié indissoluble.


laminage :
A Nuremberg au début du XVIème siècle, un orfèvre invente la fabrication par laminage. Cette technique remplace les coins par des rouleaux marqués du motif voulu maintes fois répété. L'un des rouleaux portant les avers et l'autre les revers, l'opération consiste à faire passer une feuille de métal entre les deux rouleaux synchronisés. Il ne reste plus alors qu'à découper les jetons obtenus à l'emporte-pièce. C'est cette technique qui a permis aux ateliers allemands d'inonder le marché par la forte augmentation de la production couplée à la diminution des coûts.

légende : la légende est le texte circulaire qui entoure la scène principale représentée sur le jeton. Sur les jetons de l'ancien régime, elle est en général en latin. Le choix et la rédaction de ces courts textes revêtait une telle importance que Colbert créa à cette fin en 1663 l'Académie des inscriptions et médailles (actuelle Académie des Belles-Lettres).

Ordinaire des guerres : l'ordinaire des guerres est l'administration qui avait en charge l'entretien des infrastructures militaires, les dotations des armées, le financement des campagnes militaires et bien sûr les salaires des troupes. Elle était régie par un trésorier général qui chapeautais tout un monde de fonctionnaires.

Parties casuelles : l'administration des Parties & Revenus casuels était chargée du recouvrement des taxes sur la passation des droits des charges de judicature & de finance. Le trésorier des parties casuelles s'occupait également du versement de la part revenant au roi pour chaque transfert de charge.

revers (noté r/) : côté d'une pièce ou d'un jeton opposé à l'avers.


titulature :
la titulature est un type particulier de légende reprenant les noms, titres et/ou fonction du personnage ou de la personne morale ayant fait frapper le jeton.

type immobilisé : Un jeton au type dit " immobilisé " peut être fabriqué durant de longues périodes avec le même type (d'avers, de revers ou des deux) mais également avec le même millésime. Parfois seul le portrait du roi est réactualisé et il peut donc se créer un décalage entre celui-ci et la date mentionnée. Cette pratique avait essentiellement des vertus économiques car n'oublions pas que pour chaque type nouveau, il fallait faire graver une ou deux matrices neuves.