Jetons de l'Ancien Régime

Jetons de l'Ancien Régime

 

    Collectionneurs, simples curieux, bienvenus ! 

 

 

 

L'objet de ce blog est de vous faire découvrir le monde passionnant des jetons de compte à travers les plus beaux et les plus intéressants spécimens de ma modeste collection et de vous permettre d'identifier et pourquoi pas de présenter vos propres jetons.

 

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 Dernières nouveautés :

 

 

 

- 9 février : un jeton du Trésor royal pour le règne de Louis XV.


- 4 février : un jeton de la Chambre des comptes pour le règne de Charles IX.


- 27 juillet : un jeton au nom de Guillaume Raviot, maire de Dijon pour le règne de Louis XVI.


- 26 juillet : un jeton de la Chambre des comptes pour le règne de Henri III.


- 25 juillet : un jeton inédit de la Chambre des comptes de Bourgogne pour le règne de Charles IX.


- 24 juillet : un jeton de la Chambre aux deniers pour le règne de Louis XIII.

                   un jeton de la Juridiction consulaire de Dieppe pour le règne de Louis XV.


- 21 juillet : un jeton au nom de Nicolas Bailleul, prévôt des marchands de Paris pour le règne de Louis XIII.

                   un jeton du Conseil commémorant la prise de Montmédy pour le règne de Louis XIV.


- 20 juillet : un jeton des états de Bourgogne de 1688 pour le règne de Louis XIV.


- 19 juillet : un jeton de la Chambre des comptes pour le règne de Charles IX.


- 18 juillet : un jeton du service des Menus plaisirs pour le règne de Louis XVI.


- 17 juillet : un beau jeton d'argent de la corporation des serruriers de Paris pour le règne de Louis XVI.


- 1er juillet : un très beau et très rare jeton commémorant la première année du règne de Louis XIII et de la régence de sa mère Marie de Médicis.

                   
- 30 juin : un beau jeton de Conseil du roi pour le règne de Louis XIII.

                un jeton de la Chambre des comptes de Dijon pour le règne de François Ier (coll. Alexandre Vladi).


- 1er mars : un beau jeton de l'Office de la vénerie pour le règne de Philippe VI (coll. Champigny).


- 17 décembre : un jeton du corps des marchands merciers de Paris pour le règne de Louis XIII.


* - 16 décembre : un jeton banalisé aux armes de Blanche de France, duchesse d'Orléans pour le règne de Philippe VI (coll.C.S.).

                           un jeton de la Chancellerie pour le règne de Louis XIII.


- 26 novembre : un jeton de la Chambre des comptes de Normandie pour le règne de Henri IV.


- 6 août : un rare jeton aux armes d'Éléonore de Habsbourg, reine de France et de L. Le Blanc, trésorier de la Maison de la reine (?).


- 27 juillet : un jeton de la municipalité de Paris pour le règne de Louis XV.


- 25 juillet : un jeton de Henri II pour le Dauphiné.

                   un jeton de Louis XV pour les Etats d'Artois (coll. privée).


- 12 juillet : un rare jeton de la Chambre aux deniers pour le règne de Henri IV (coll. privée).


- 2 juillet : un jeton de l'Académie des inscriptions & belles lettres pour le règne de Louis XV.


- 1er juillet : un beau jeton de l'Élection de Paris pour le règne de Louis XV.

 

 

 

 


La question que l'on me pose le plus concernant les jetons, est :


" à quoi ça servait ? ".



Voici donc une petite explication très brève sur le rôle des jetons du moyen âge à la révolution...


Disons pour simplifier que les jetons servaient avant tout à compter à l'époque ou on utilisait les chiffres romains . Ce rôle est resté primordial jusqu'à la renaissance mais certaines administrations royales ont utilisé les chiffres romains jusqu'à la révolution...(eh oui, les administrations ont toujours été à la pointe du progrès...).

Les premiers types de jetons de compte étaient en général des imitations de types monétaires prestigieux (souvent des monnaies d'or) et portaient assez souvent des légendes claires pour éviter que des malandrins ne les fassent passer pour des monnaies (n'oublions pas que le bronze et le laiton ont la couleur de l'or à l'état neuf...). Ces légendes sont du genre " je suis de laiton " avec toutes les variantes possibles.

Petit à petit, les administrations mais aussi les communes ou les nobles vont personnaliser leurs jetons de compte en y apposant des armoiries ou des devises reconnaissables par tous. Et à partir du XVIème siècle, on voit apparaître des jetons commémoratifs ou de propagande ornés du portrait royal (le premier jeton portant le portrait du roi est un jeton de sacre de François II) dont le rôle principal était d'une part de véhiculer l'image royale et d'autre part de transmettre des informations sur les moments importants de la vie du royaume : mariages, sacres, naissances à la cours ; mais aussi tous les événements importants de la vie civile ou militaire : aménagements du territoire, traités de paix, conquêtes, etc...

Des jetons commémorant la mise en service d'un bâtiment ou d'un monument pouvaient par exemple être offerts aux personnes qui avaient participé à la réalisation du projet ; lors des mariages royaux ou des sacres, des jetons étaient lancés à la foule en liesse, etc...

Dès lors, le choix des scènes représentées sur les jetons ainsi que celui des légendes acquit une telle importance, qu'une académie fut créée spécialement à cet effet en 1663, à l’initiative de Colbert. Fondée sous le nom d’Académie des inscriptions et médailles , elle deviendra en 1683 l'Académie des belles lettres que l'on connaît aujourd'hui.

Bien sûr, une fois cette mutation amorcée pour les jetons du domaine royal et des administrations, les nobles, les communes et les corporations ont tout naturellement suivi le mouvement.

Tout cela est évidemment beaucoup plus complexe et les jetons ont pendant longtemps cumulé plusieurs fonctions dans la société (jetons de compte, de présence, de divination, monnaie de substitution, gratification, jetons de jeu, etc...)

Concernant la façon de compter avec des jetons, la méthode est très semblable à celle du boulier : un tableau est dessiné sur une table (le comptoir) ou sur une toile de bure (le bureau) ; ce tableau comportait une ligne pour chaque chiffre (I, V, X, L, C, D, M, ...) et le comptable y déposait les jetons (à l'époque on "jetait"...d'où le terme " gectoir " qui deviendra " jeton ") d'après l'opération énoncée par un assistant (de là vient l'expression " auditeur à la cour des comptes "...).
L'opération était résolue en faisant passer les jetons d'une ligne à l'autre.

Les additions ne posaient pas de gros problèmes avec cette méthode ; les soustractions étaient déjà plus compliquées bien qu'il suffisait d'enlever des jetons au lieu d'en ajouter, mais dès qu'on s'attaquait aux divisions et multiplications..................c'était une toute autre histoire !

Pour en saisir la difficulté, il suffit de se rappeler qu'à l'époque de Louis XIV, la division ne s'apprenait qu'en dernière année à la Sorbonne !


Bien que le sujet mériterait un article bien plus approfondi (c'est prévu), j'espère que ce petit résumé vous éclairera sur la fonction de ces rondelles passionnantes et vous donnera envie de vous y intéresser...

 

Après tout, chacun de ces jetons même les plus insignifiants nous ouvrent les portes de l'histoire !