Jetons de l'Ancien Régime

Jetons de l'Ancien Régime

jetons de glorification


Elisabeth d'Autriche, reine douairière de France
Elisabeth d'Autriche, reine douairière de France :



laiton ; 28 mm

atelier : Monnaie du Louvre ; graveur indéterminé

daté 1584 ; non signé

F.11750 / M.1000-1089

collection personnelle



a/ écu couronné aux armes d'Élisabeth d'Autriche en tant que reine de France encadré de deux rameaux de laurier liés par la tige ;


titulature " YSABEL.P.L.G.D.DIEV.ROYNE.DOVAIRIERE.DE.FRANCE. "



r/ une colombe à l'envol posée sur une palme fichée dans un tronc brisé, au-dessus dans des nuées, une couronne entourée de sept étoiles ; date " 1584 " à l'exergue ;


légende " REGNAT DEVOTA DEOMENS "



Ce jeton existe également en argent aux millésimes 1584 & 1585. Fille de Maximilien II du saint empire et de Marie d'Autriche, Élisabeth naît le 5 juillet 1554 avec le titre d'archiduchesse d'Autriche. Après deux projets d'union non aboutis avec Frédéric II du Danemark et Sébastien Ier du Portugal, ses parents acceptent l'idée d'une union entre Élisabeth et le jeune Charles IX proposée par la France en 1569. Par cette union, la France espère d'une part renforcer sa position face à l'Espagne et l'Angleterre et, d'autre part conforter sa catholicité alors que les guerres de religions fragilisent le royaume depuis plusieurs années. Un premier mariage par procuration se tient le 22 octobre 1570 à Spire en Allemagne et le 4 novembre suivant, Élisabeth quitte le territoire du saint empire pour se rendre à Sedan puis à Mézières où aura lieu le 26 novembre 1570 le mariage officiel sous l'égide du cardinal de Bourbon. Le 25 mars 1571, Élisabeth est sacrée reine de France en la cathédrale de saint Denis et son entrée triomphale dans Paris est grandiose. Reine d'un peuple dont elle ne parlait pas la langue, Élisabeth ne joua aucun rôle politique. Le
, elle donne naissance à une fille, Marie-Élisabeth de France. Après la mort de son époux en 1574, âgée de seulement 20 ans et n'ayant pas donné de descendance mâle à la Couronne, elle n'a plus aucun rôle à jouer à la cour et décide de repartir pour Vienne. Elle fait ses adieux à sa fille qu'elle ne reverra plus jamais puisque celle-ci meurt de maladie deux ans plus tard à l’âge de cinq ans. Élisabeth quitte définitivement la France début décembre 1575 et s'installe de nouveau à Vienne. Décidée à mener une vie simple et pieuse, elle se retire au couvent des Clarisses qu'elle a fondé à Vienne et y décède le 22 janvier 1592. En tant que reine de France, Élisabeth d'Autriche portait un parti de mi-parti de France, qui est d'azur aux trois fleurs de lys d'or et écartelé en 1 et 4 de gueules, au lion d'argent à la queue fourchée passée en sautoir, couronné, armé et lampassé d'or et en 2 et 3 fasce de gueules et d'argent, sur le tout parti de gueules à la fasce d'argent et bandé d'or et d'azur à la bordure de gueules.




Henri III - prudence & abondance
Henri III - prudence & abondance :



laiton ; 29 mm

atelier indéterminé ; graveur indéterminé

non daté ; non signé

réf. M 1000-1207

collection personnelle



a/ deux couronnes fermées fleurdelisées posées dans l'herbe, une troisième flottant dans les nuages au-dessus et surmontée de cinq étoiles ;


légende " MANET.VLTIMA.COELO : "



r/ sur un piédestal marqué d'un H et encadré de deux rameaux de laurier liés par la base, la Prudence debout de face et regardant à gauche tient de la main droite une palme et de la gauche un serpent ;


légende " DE PRVDENCE - VIENT.ABONDA "



Le peu de soin apporté à la mise en forme du flanc et la maladresse de la gravure rendent probable l'origine nurembergeoise de ce jeton mais à ce jour rien ne permet de le certifier. La symbolique de ce type d'avers est intéressante en ce sens qu'elle clame haut & fort le caractère divin de la royauté française ; les deux couronnes posées symbolisant le pouvoir temporel du roi & de la reine, la troisième symbolisant le pouvoir spirituel de Dieu. La légende appuie encore cette symbolique en confirmant Manet ultima coelo, c'est-à-dire " l'ultime (couronne) reste au ciel ", autrement dit à Dieu, qui conserve donc ainsi l'ultime pouvoir sur les rois.




Henri III - " César ou rien "
Henri III - " César ou rien " :



cuivre ; 28 mm

atelier : Nuremberg ; graveur : Hans Krauwinckel I ou II

non daté ; signé H.K.

M 1000-1237 / F 11834

collection personnelle



a/ sous un ciel étoilé, une palme et une branche de laurier  liées par la tige surmontées d'une couronne fermée et flanquées de deux couronnes ouvertes fleurdelisées, le tout entouré de fleurs de lys ;


légende " MANET VLTIMA COELO ** " terminée par deux rosettes



r/ un guerrier cuirassé à l'antique debout à gauche, la main gauche appuyée sur une lance et tenant de la main droite un flambeau, à ses pieds, un amas d'armes (casque, épée, flèche) ; à l'exergue " H.K. " ;


légende " AVT CAESAR - AVT NIHIL "



Ce jeton peut avec certitude être attribué au règne de Henri III par la présence de sa devise en légende d'avers. L'identification du graveur de ce jeton reste quant à elle problématique puisque le patronyme Hans Krauwinckel correspond à deux graveurs successifs ayant officié tous deux à Nuremberg : Hans I de 1562 à 1586 et  Hans II (fils du précédent) de 1586 à 1635. La qualité de la gravure  dénotant une grande maîtrise, il semble raisonnable de l'attribuer à Hans I bien que cet argument soit assez subjectif.




Henri III, roi de France et de Pologne
Henri III, roi de France et de Pologne :



laiton ; 28,8 mm

atelier indéterminé ; graveur indéterminé

daté 1580 ; non signé

F 11771 / M 1000-1146

collection personnelle



a/ écu de France couronné ceint du collier de l'ordre de Saint-Michel ;


titulature " HENRICVS.III.D.G. - FRAN.ET.POL.REX. "



r/ la Paix debout à gauche, adossée à un trophée d'armes et tenant un rameau de laurier dans la main droite ; à l'exergue " 1580 " ;

légende " * PAX . NITITVR . ARMIS " avec rosette initiale.



Il est difficile de déterminer de quel atelier est issu ce jeton car si le style et le diamètre tendent à l'attribuer à un atelier germanique, l'épaisseur du flan correspond quant à elle aux jetons de production française.




Henri III, roi de France et de Pologne
Henri III, roi de France et de Pologne :



laiton ; 28 mm

atelier indéterminé ; graveur indéterminé

daté 1577 ; non signé

M 1000-1129 / F 11761

collection personnelle



a/
écu de France timbré d'une couronne fermée et entouré du collier de l'ordre de saint-Michel ;


titulature " HENRICVS.III.D:G - FRAN.ET.POL.REX "



r/
dans un cercle, un escadron de cavalerie au galop à droite, une forêt de lances en arrière-plan ; " 1577 " à l'exergue ;


légende " VT.IN.AVRVM.TEMPORA.PRISCVM "



Ce très beau jeton pourrait commémorer la prise de la place forte protestante de Montpellier qui mena à la paix de Bergerac en 1577 mais rien n'y faisant référence ni à l'avers ni au revers, j'ai préféré le classer dans les jetons de glorification.




Henri III - jeton aux trois couronnes
Henri III - jeton aux trois couronnes :



laiton ; 29 mm

atelier indéterminé ; graveur indéterminé

non daté ; non signé

variante de F 11820

collection personnelle



a/
une palme et un rameau de laurier liés ensemble séparant trois couronnes constituées de rameaux d'olivier, le tout sous un ciel nuageux semé d'étoiles ;


légende " .MANET.VLTIMA.COELO: "



r/ 
une femme nue allongée et attachée par un cadenas à un arbre, devant elle, deux arbrisseaux et dans le ciel un génie sortant des nuages en brandissant une épée flamboyante ;


légende " *IGNITVM.ELOQVIVM.TVVM:VEHEM. " avec rosette terminale.



Cet exemplaire présente un diamètre plus important que le type de référence. Les trois couronnes reviennent souvent sur les jetons de Henri III. Les deux couronnes inférieures symbolisent les pouvoirs spirituel & temporel ; la troisième le pouvoir divin qui surclasse tout. La légende MANET VLTIMA COELO qui leur est généralement associée confirme cette interprétation puisqu'elle se traduit par " La dernière reste (ou appartient) au ciel ".